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    lundi 13 janvier 2020

    Biocontrôle : De l'origan pour protéger la vigne

    L’origan a un potentiel éliciteur contre le mildiou de la vigne

    Une équipe de chercheurs suisses a démontré que l’huile essentielle d’origan est capable de déclencher la réaction du système immunitaire de la vigne. Une brèche ouverte pour avancer dans la recherche de solutions de biocontrôle.



    Les biodynamistes le savent, les huiles essentielles de certaines plantes peuvent aider la vigne dans la lutte contre le mildiou et l’oïdium. Mais l’utilisation de tels préparats repose sur des observations empiriques. Les mécanismes des propriétés antifongiques des plantes sont très mal connus. En septembre dernier, une équipe de l’institut de recherche de l’école d’ingénieurs de Changins, en Suisse, a élucidé pour la première fois le mystère des interactions qui peuvent exister entre huile essentielle, hôte et pathogène. Ils ont en effet prouvé que l’huile essentielle d’origan déclenche les voies de résistances au sein de la vigne. Pour cela, ils ont cultivé des plants de chasselas, cépage fortement sensible au mildiou, en chambre climatique et dans des pots. Les boutures ont été infectées par Plasmopara viticola puis exposées à une fumigation continue pendant 1 ou 10 jours d’huiles essentielles de thym et d’origan à différentes concentrations. Les scientifiques ont tout d’abord été frappés par le fait qu’un traitement à la vapeur d’origan pendant 24 heures après l’infection a été suffisant pour réduire le mildiou de 95 %. Ils ont ensuite réalisé une analyse de l’expression génétique des feuilles de vigne. Les chercheurs suisses ont relevé une activation hormonale complexe, impliquant la synthèse d’acide jasmonique, d’éthylène et d’acide salicylique. Ces composés conduisant eux-mêmes à l’activation de gènes de défense, responsables de la production des flavonoïdes et stilbènes utilisés pour lutter contre les pathogènes.
    Cependant, l’étude n’a pas pu clairement montrer dans quelle mesure l’effet inhibiteur de l’origan sur le mildiou était dû à sa toxicité sur le champignon ou son action sur le système immunitaire de la vigne. « L’objectif à long terme est de mieux comprendre les effets des huiles essentielles et d’identifier, si possible, lesquels de leurs composants terpéniques sont les plus efficaces pour développer des systèmes destinés à réduire le recours aux pesticides », écrivent les chercheurs. Parmi les stratégies à tester, les scientifiques envisagent des diffuseurs, similaires à ceux utilisés pour les phéromones contre les vers de la grappe, pour disperser en continu des huiles essentielles ou leurs principes actifs. Cela pourrait être testé dans un futur proche, en serres et même dans des champs. « Bien que l’on ne s’attende pas à ce que ces systèmes inhibent complètement les infections, ils pourraient probablement réduire la pression exercée par la maladie et contribuer à réduire les fongicides systémiques », ajoutent les chercheurs.
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